Achat immobilier : les difficultés des emprunteurs ne font pas encore baisser les prix

Le marché de l’immobilier français est pris en tenaille entre une demande toujours forte et des difficultés de financement pour les emprunteurs. Résultat, certains biens ne trouvent plus preneurs et le nombre de ventes est en baisse.

Si vous avez un projet immobilier qui nécessite un crédit, la tendance ne vous aura pas échappé : depuis plusieurs mois, les taux de crédit immobilier augmentent, alors que les conditions d’octroi se durcissent. Une double peine pour les emprunteurs qui doivent en plus composer avec le taux d’usure qui bloque de plus en plus de dossiers.

Les villes de taille moyenne ont la cote

Dans ces conditions, on aurait pu s’attendre à une baisse des prix sur le marché de l’immobilier. Pourtant, le baromètre LPI-Se Loger (1) de juillet 2022 montre une hausse des prix toujours rapide. Dans le neuf, les prix s’envolent, notamment à cause de la hausse des coûts de construction. Le prix d’une maison neuve est en augmentation de +5,2% sur les trois derniers mois, pour s’établir à 2 420 euros par m2. La hausse est plus faible pour les appartements neufs (+2,1% à 6 035 euros le m2).

Dans l’ancien, les prix ont augmenté en moyenne de +3,8% sur trois mois. Une hausse avant tout portée par les maisons (+4,3% contre +3,5% pour les appartements), preuve que ces dernières profitent d’une demande toujours plus importante que l’offre. Attention cependant : dans les métropoles, les prix sur les maisons sont en baisse, -5,9% à Bordeaux sur un an, -8,7% à Rennes et jusqu’à -11% à Nice ! Loin d’être une preuve de désintérêt pour ce type de logements, ces baisses montrent surtout que les emprunteurs ont de plus en plus de mal à s’offrir ces maisons, forcément chères, car le financement est de plus en plus difficile à obtenir. En effet, les secundo-accédants (déjà propriétaires), les plus à même d’acheter ces logements, sont aujourd’hui souvent bloqués par le taux d’usure, notamment à cause de l’assurance emprunteur.

En revanche, les appartements ont toujours la cote, avec des hausses de prix allant de +5,6% (à Rennes ou dans la métropole Aix-Marseille) à +8,5% (à Brest). Mais le baromètre LPI-Se Loger montre surtout que ce sont les villes moyennes (moins de 60 000 habitants) qui tirent le mieux leur épingle du jeu. Dans des villes comme La Roche-sur-Yon ou Laval, la hausse des prix est ainsi de +18% sur un an. Ainsi, si la hausse globale en France est de +5,8%, les villes de taille moyenne sont en moyenne à +9,3% sur un an. Preuve que les emprunteurs n’hésitent plus à se tourner vers des villes un peu moins cotées pour être en capacité de réaliser leur projet immobilier.

Remontée des taux et baisse du pouvoir d'achat...

Reste que si les prix ne cessent d’augmenter, le nombre de transactions pâtit lui de la situation actuelle : resserrement de l’accès au crédit, remontée des taux et baisse du pouvoir d’achat. « Habituellement, après un mois de mai plus tranquille, les achats de logements anciens réalisés par les particuliers rebondissent en juin », souligne LPI-Se Loger dans son baromètre. « Mais cette année, après un mois de mai médiocre (des ventes en recul de 20,9% sur un mois, contre -5,7% en moyenne sur longue période), juin confirme que le marché de l’ancien traverse une zone de fortes turbulences. L’activité est en baisse de 22,8%. Un tel recul est très rare en juin, il ne s’était constaté qu’en 2008 lors du déclenchement de la crise des subprimes. »

Source : © MoneyVox